Comment rencontrer quelqu’un dans les faits ? Partie 1
Guide pratique pour naviguer avec panache dans les eaux troubles des applications.
Dans une première missive, j’ai exploré quelques changements d’état d’esprit – relatifs au premier pas, au coup de foudre et aux étincelles des premiers rendez-vous – qu’il serait opportun d’embrasser pour rencontrer quelqu’un de nos jours.
Je vous propose à présent de nous atteler à la réalité pratique : comment, et où, susciter ces rencontres amoureuses dans les faits ?
Est-il possible d’utiliser les applications de rencontre sans sacrifier notre santé mentale ?
Est-il si mal de chasser sur notre lieu de travail ?
Nos amis n’ont-ils réellement personne à nous présenter ?
Nos loisirs permettent-ils au hasard amoureux d’exister ?
Notre addiction au téléphone nous rend-elle indisponibles à la sérendipité ?
Faut-il vraiment arrêter de le chercher pour que l’amour nous trouve ?
Et d’ailleurs, est-il devenu saugrenu, voire inavouable, de désirer une relation à l'ère du développement personnel et de l'épanouissement individuel ?
Quiconque s’aventure dans le monde complexe du dating moderne s'est déjà heurté à une ou plusieurs de ces questions. Le dérèglement du climat amoureux rend les relations parfois si insaisissables, désengagées, voire brutales, que je comprends celles et ceux qui sont tentés d'abandonner ou de s’accrocher à la première branche bancale par épuisement. Mais je suis convaincue que d'autres approches sont possibles. Explorons ensemble celles qui pourraient nous aider à naviguer avec panache dans ce nouveau paysage romantique, en commençant par les applications.
Les applications de rencontre : du panier de crabes au homard pêché au casier
L’expression « panier de crabes » est née au milieu du 20ème siècle pour désigner des individus animés par une intention de se nuire les uns les autres dans un contexte de rivalités et de conflits d’intérêt. Il me semble que le vivier passablement hostile qui grouille sur les applications de rencontre peut évoquer la vue de ces crustacés décapodes se marchant dessus dans le panier du pêcheur.
Les applications charrient toute une série de réalités déplaisantes face auxquelles on ne peut pas faire grand-chose, si ce n’est intégrer qu’elles ne sont pas de notre fait : algorithmes répondant à d’obscures logiques, interjections déplacées, ghosting et autres matchs perdus dans les nimbes du silence…
Il est en revanche de notre ressort de développer des techniques de pêche qui nous permettront de dénicher les homards, qui, comme chacun le sait, rassasient nettement mieux et ont une saveur plus prononcée que les crabes. Et puisque la nature est décidément bien faite, c’est au printemps que débute la saison du homard, le réchauffement des eaux côtières incitant les prestigieux crustacés à quitter leur cachette hivernale en quête de nourriture.
Mais assez palabré sur les fruits de mer, plongeons dans les détails pratiques de cette pêche miraculeuse :
Les applications en général : je reconnais m’y être lancée en traînant des pieds, parce que « ce n’est pas romantique », et que cela cadre mal avec le récit que j’aimerais pouvoir (me) faire d’une rencontre. Ça a quand même nettement plus de charme de tomber sur un homard au hasard d’une balade iodée que par le truchement d’un casier, non ? Logan Ury, qui est spécialiste du comportement et directrice des sciences relationnelles chez Hinge, n’est pas d’accord. Elle soutient que ce qui est romantique, c’est de trouver quelqu’un qui nous convienne et de construire une relation. Un point pour Logan. Elle ajoute que lorsque vous êtes en couple depuis 50 ans, le jour de votre rencontre représente 0,0055% de la relation totale. Un deuxième point pour Logan qui voit certes un peu loin mais brandit un calcul convaincant.
L’application en particulier : j’en ai essayé deux. Raya d’abord, parce qu’elle a pour réputation d’être l’application des célébrités et que j’ai apparemment un peu de travail à faire sur mon ego.