Ce qu’il y a de pernicieux avec le chagrin d’amour, c’est qu’il frappe par derrière, une première fois, puis une multitude d’autres fois, avec une violence et une temporalité qu’on ne maîtrise pas.
Il rafle tout, nous met à terre, et lorsque l’on se relève à peine, il revient nous saccager, nous marteler qu’on a voulu parier, jouer, et que l’on a perdu. L’amour ne badine pas avec le chagrin, c’est bien connu.
On se demande ce que l’autre fait de sa vie maintenant que l’on n’en fait plus partie ; on se demande si l’on en guérit.
On nous a menti : le printemps ne revient pas chaque année, parfois il saute un cycle des saisons, ou plusieurs. Mais c’est vrai qu’il finit par revenir et un jour, voilà qu’on retire prudemment notre couverture de survie et qu’on déambule à nouveau, fébrile mais debout, dans nos habits de ville.
Est-ce qu’avec le temps, va, tout s’en va ? Est-ce que j’ai tout oublié, est-ce que tout peut s’oublier ? Est-ce qu’on renaît de ses cendres, avec tant d’amour à revendre, qu’on tire un trait sur le passé, et qu’on réapprend à aimer ?