(gratuit) Ne plus être soi-même, comme quand on aime
et autres pistes pour chanter le printemps / Le dos de la petite cuillère #7
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Afin d’explorer tout ce que la vie recèle de gourmandises, je vous soumets ici des découvertes éclectiques qui nourrissent le quotidien et invitent à le ressentir plus intensément.
Dans cette septième édition, qui met en avant quelques femmes exceptionnelles, j’invite à se saucer à Saint-Honoré, à ne plus être soi-même, comme quand on aime, à se prélasser au palace, à se chausser en beauté et à bien s’outiller pour cuisiner.


Se saucer à Saint-Honoré
Le nouveau restaurant Daimant
Alice Tuyet façonne depuis plusieurs années avec son Daimant Collective un monde culinaire bien à elle, composé d’amour, de sauces, de sensualité et de durabilité. Elle a bouleversé, sans avoir l’air d’y toucher, l’idée même que l’on pouvait se faire d’un menu légumier. Main d’orfèvre dans un gant de velours, elle a eu le génie de proposer une cuisine vegan sous une cape mi-bourgeoise mi-canaille, au sein d’une maison des plaisirs nommée Faubourg Daimant, dans le 10ème arrondissement de Paris.
Portée par le succès retentissant de cette première adresse, Alice fait aujourd’hui monter la sauce en ouvrant un nouveau restaurant – Daimant Saint-Honoré – au sein d’un quartier qui déplaçait jusque-là davantage les foules modeuses que gastronomes. Alors elle a repris des codes d’une maison de mode, joué des étoffes et des matières, et habillé de rouge son établissement de goût, en quasi total look.
Et puis elle a créé, avec le chef Erwan Crier, une collection de plats mêlant classiques déments et nouveautés inspirées par l’esprit des lieux, précédemment occupés par l’Absinthe de Michel Rostang (qui leur a légué une rôtisserie aussi rutilante que le comptoir en zinc).
Du côté des intemporels, on retrouve par exemple les iconiques croquettes cochonnes (faisant la farce de couver des champignons et de la pâte de soja fumée) émoustillées de sauce ravigote, ainsi que le radieux carpaccio de radis polokisé de sauce umami-acidulée.
Du côté des créations rôties, je recommande vivement la brochette de champignons laquée au feu et accompagnée de riz pilaf, ainsi que les casarecce (des pâtes de forme courte et large, légèrement torsadée) aux « grillades de la veille », entendez : revenues dans le jus gras des grillades végétales de la veille, qui est légèrement tomaté et agrémenté d’effiloché de légumes et champignons, et d’ail en chemise. Il fallait y penser, mais quelle belle idée.
Alice a par ailleurs imaginé une expérience sensorielle totale, et ne badinant avec aucun détail, elle m'a proposé de signer la bande originale qui est diffusée dans le boudoir du restaurant. Ainsi, lorsque vous irez vous laver les mains, comme on dit, vous m'entendrez lire des recettes de sauces (d'Escoffier) et une méditation sur la beauté (de François Cheng).
Je suis infiniment fière d'ajouter cette ligne sur mon CV et ne saurais suffisamment vous recommander d’aller chez Daimant Saint-Honoré pour vous y saucer.
Daimant Saint-Honoré, 24 place du Marché Saint-Honoré, 75001 Paris.
PS : si vous avez envie d’en savoir plus sur Alice, sachez que je l’ai reçue dans mon podcast Ressentir.


Ne plus être soi-même, comme quand on aime
Coucou le bolide musical
Charlotte Parfois fait partie de ces êtres dont le raffinement et la sensibilité apposent une jolie mélodie sur tout.
Je l’ai rencontrée au début de l’année 2023. Elle m’avait alors accompagnée pour dessiner la dernière collection de ma marque Septem – le stylisme faisant partie de ses nombreux talents – et notre amitié s’était nouée avec la rapidité des évidences.
Pendant l’été de la même année, lorsque j’ai plongé dans le gouffre d’un chagrin d’amour, Charlotte m’a accueillie quelques jours chez elle. Elle a séché mes larmes devant la machine à café à des heures indues, m’a nourrie d’amour et de recettes infiniment réconfortantes dont elle détient le secret... Et puis elle m’a fait écouter les chansons qu’elle composait. Et là, pause. Sortie momentanée du chagrin en raison d’une cause nettement supérieure. Attends mais Charlotte, tu chantes trop bien ?! Depuis quand tu joues à la guitare et au piano ? Et où est-ce que tu as appris à composer ?
C’était si gracieux que ça en avait l’air facile, pour elle, de retranscrire en chansons les démons et merveilles qui font notre vie d’humains.
J′accélère, vitesse de l'éclair
J′suis un bolide, super rapide
À fond de cinquième, je suis plus moi-même, comme quand on s'aimePeut-être que je m′égare, Bambi dans les phares
Je saurais te trouver, même les yeux fermés
J'suis prête à tout ce soir, j′veux vraiment te revoir
On a jamais tort de vouloir vivre fort
Lorsque l’on écoute Charlotte chanter, il y a d’abord sa voix, reconnaissable entre toutes, qui rentre dans une oreille et file directement au cœur. Mais il y a aussi ses mots, qui racontent avec fantaisie et profondeur les petits riens du quotidien et les histoires d’amour qui emportent tout sur leur passage.
Des mois de travail plus tard, elle sort son premier EP et il est formidable. Il s’appelle « Coucou » et ces 6 lettres, joyeuses comme un matin, rondes comme un câlin, c’est tout elle. La première chanson, Bolide est disponible sur toutes les plateformes depuis le 28 mars 2025 et elle tourne en boucle dans mon téléphone et dans ma tête depuis lors. Pocket Call arrive ce 25 avril 2025 à minuit, et Dad Bod un mois plus tard.
Quand on lui demande si ce sont ces histoires à elle que mettent en musique ses truculentes chansons, elle répond : « nul doute qu’Agatha Christie n'a, a priori, tué personne pour écrire les succès qu'on lui connaît ». Sacrée Charlotte.


Se prélasser au palace
Le Bristol en majuscule
Le bristol, c’est ce papier satiné de grande qualité qu’utilisent les élégants pour correspondre ou s’inviter.
Le Bristol avec un grand B, c’est ce palace parisien mythique où l’on n’aurait pas rêvé séjourner, jusqu’à ce que Staycation imagine avec lui une offre qui permet de se plonger dans son univers pendant 24 heures et de vivre une expérience au-delà des mots.
On arrive à 11h, on découvre sa chambre et on se surprend à se sentir à la maison dans cette si belle demeure tout juste centenaire. Bien sûr c’est un rêve, mais on garde les yeux grands ouverts quoiqu’éblouis.
Voilà déjà poindre l’heure du déjeuner et l’estomac agité de papillons se voit comblé par la cuisine, sublime, du chef Arnaud Faye, au sein d’Épicure, le restaurant triplement étoilé de l’hôtel.
Parmi les six étapes du menu, je repense avec émotion au tourteau de Bretagne, sarrasin et salicorne, qui était bien à la fête avec sa mayo légère au corail ; au pigeon copinant à merveille avec des asperges blanches et morilles, tous nappés d’un divin jus malté à la vanille ; ou encore au chariot de fromages devant lequel j’ai cessé de répondre de quoi que ce soit.
Cap ensuite sur la piscine située au dernier étage, et qui donne l’impression d’être sur un bateau ou dans un film, pour brasser ses émotions et flotter le corps en étoile, avec vue étourdissante sur la capitale.
On s’endort ensuite dans le rêve éveillé, la nuit est luxueusement molletonnée et dès l’aube, le cœur est tout à la joie de se lever, car ce qui nous attend… Est un petit déjeuner au firmament.
PS : j’ai eu la chance d’être invitée à vivre cette expérience, et puisque l’objet de cette missive est de mettre à l’honneur des femmes d’exception, j’en profite pour rendre hommage à Valentine Dubois, qui a co-créé l’une des meilleures agences de relations médias qui soient.


Se chausser en beauté
C’est la chanson que j’ai mise dans mes écouteurs (le premier degré ne me faisant jamais froid aux oreilles) lorsque j’ai quitté le showroom de Nomasei avec ces beautés orangées aux pieds (que celles qui ne portent pas instantanément leurs nouvelles acquisitions se dénoncent et m’expliquent leurs motivations).
Cela faisait plusieurs mois que je reluquais avec envie les souliers de la marque sur Instagram et j’avais écouté ses fondatrices raconter leur histoire au micro de Lili Barbery. Tout me plaisait, de l’esthétique des collections aux valeurs véhiculées, et glisser mes pieds dans leurs créations n’a fait que confirmer le bien que j’en pensais.
Marine Braquet et Paule Tenaillon sont passées par les plus grandes maisons de luxe parisiennes, en tant que chef de produit et directrice de collection chaussures pour la première et en tant que designer chaussures pour la seconde. Elles ont choisi de créer Nomasei pour s'engager à renouer avec un luxe intemporel et honnête, fait de respect, de partage, d'engagements éthiques et de transparence. Leurs considérations environnementales se mêlent à une éthique humaine : elles pensent aux femmes qui porteront leurs souliers, bataillent afin de leur offrir le meilleur prix pour une qualité équivalente à celle proposée par les illustres maisons dans lesquelles elles ont précédemment travaillé, et peaufinent les modèles jusqu’à ce que leur confort les fasse confiner à des chaussons.
Tous les souliers Nomasei sont confectionnés dans une usine familiale de chaussures de luxe à Montopoli, un charmant village en Toscane, et le résultat est absolument à la hauteur des ambitions de Marine et Paule. Je sais en tout cas sur quel nuage je vais marcher tout l’été.


Bien s’outiller pour cuisiner
Hommage à Omma
Pendant longtemps, et alors que je me disais passionnée de cuisine, j’apprêtais les aliments avec des outils relativement lamentables. De la même manière, d’ailleurs, qu’alors que je me disais passionnée d’amour, je relationnais avec des petits amis pas franchement au niveau.
Devenir adulte, c’est sans doute aussi apprendre à mieux s’entourer, en cuisine comme en amour. J’ai récemment évoqué ici le versant amoureux, alors je me contenterai aujourd’hui de vous parler des admirables couteaux dont je me suis parée. Ils viennent de chez Omma Coutellerie, et la fondatrice, Julie Beudin, les dessine et les façonne elle-même entièrement à la main, dans son atelier en Touraine. Dès que c’est possible, elle utilise des bois issus de chutes qu’elle revalorise, et toute la gamme – des couteaux de cuisine à ceux de table, en passant par ceux de poche (dont on devrait, de mon humble avis, remettre l’usage au goût du jour) – est d’une élégance et d’un savoir-faire exquis.
PS : sur la photo de droite, ce sont donc des asperges et des petits pois, soit mes légumes préférés. Ainsi que je l’affirme toujours au mois d’avril. J’ai au moins autant de légumes préférés qu’il y a de mois dans l’année, en réalité. Mais ceux-ci ont une place spéciale dans ma bibliothèque de goûts, parce qu’ils rallument des souvenirs d’enfance, lorsque je les préparais avec ma maman. S’ils ont l’air si contents, c’est qu’ils reposent sur une sauce magique, qui régale tous les légumes, toute l’année : du yaourt grec 10%, de l’ail dégermé et pressé, du sel, du poivre, un peu de paprika pourquoi pas, de l’huile d’olive et un peu de repos au frigo.
Chaleureusement,
Jessica
Merci Jessica pour cette balade sensorielle, vivante, gourmande 🥰🩵
Merci pour ces partages, love it